Kezerashvili : l’innovation contre l’aggravation globale de la dette nationale
Dans de multiples interviews, David Kezerashvili, entrepreneur et investisseur, explique sa préoccupation concernant les tendances macroéconomiques actuelles de la dette nationale élevée dans la plupart des pays : tant que les taux d’intérêt demeurent relativement bas, après la Covid et malgré la crise russo-ukrainienne, il faut investir, aussi longtemps que les rendements l’emportent sur le coût d’emprunt. Cependant, si les taux d’intérêt devaient augmenter de façon spectaculaire, la tendance s’inverserait. Or, la dette est un outil indispensable pour lutter contre les crises (Subprimes, Covid, Ukraine) et atteint des niveaux qui inquiètent, alors que les taux d’intérêt remontent.
L’investisseur doit anticiper ce risque pour contribuer au développement socio-économique ainsi que ses conséquences à long terme.
L’onde de choc de la guerre en Ukraine
Depuis la guerre en Ukraine, on craint une crise de l’approvisionnement en énergies et des produits alimentaires, qui toucherait principalement l’Afrique. À cette occasion, on observe :
- Une perte de confiance des consommateurs et une hausse de l’aversion au risque, qui entraînent un report des décisions de consommation et d’investissement des ménages et des entreprises.
- Une hausse des primes de risques, des produits d’assurance et de couverture.
- Une croissance moindre : attentisme, baisse du pouvoir d’achat par retour de tendances à l’inflation, un commerce mondial ralenti.
- Un retour de l’inflation : les matières premières énergétiques et alimentaires sont des sources qui diffusent l’onde de choc à l’échelle planétaire.
- Un choc géopolitique peut réduire la croissance potentielle (rupture d’accès à la production, hausse des coûts des biens substituables), redéfinir l’écart entre épargne et investissement et ainsi de suite.
La consolidation des facteurs de stabilité en Méditerranée
Pour aider les pays fragiles, le FMI a créé une sorte de monnaie à « droits de tirages spéciaux », pour atténuer la pression et demande aux États des suspensions de paiements de leur dette.
À moyen terme, des pays fournisseurs de gaz et de pétrole, comme Israël, l’Égypte, les Émirats Arabes Unis et le Golfe, l’Azerbaïdjan, veilleront à alléger la pression énergétique sur l’Europe et l’Afrique.
Le bloc économique en construction, en Méditerranée et dans le Golfe, avec les accords d’Abraham, est un facteur de stabilité, en agrégeant d’autres acteurs qui renforcent la chaîne et l’empêchent de céder, dans la tempête : on pense à l’Inde, la Grèce et tant d’autres en Asie.
Les biotechnologies locales pour endiguer la crise
En élargissant sa vision de l’innovation, même si ce n’est pas le cœur de métier de David Kezerashvili, on peut suggérer de chercher des produits de substitution aux produits alimentaires manquants, comme le Maroc et Israël sont susceptibles d’en fournir:
- La pulpe de caroube, obtenue après égrenage des gousses sèches, s’avère idéal pour les veaux et les vaches, les moutons et les chèvres, les chevaux et les lapins.
- « Les amandes sont un « super-aliment » et suscitent un grand intérêt partout dans le monde », explique le Professeur Eizenberg, de l’Institut Volcani israélien, qui exploite une ferme modèle à Newe Yaar, en Galilée. « Nous avons des conditions de croissance optimales pour les amandes dans la vallée de Jezreel ».
Il conviendrait donc d’investir dans les biotechnologies agricoles pour la production, entre autres, de fruits secs. De petites coopératives « agiles », connectées aux marchés, où le travail humain est soutenu par la mécanisation d’une agriculture durable et la maintenance prédictive, sont en mesure de fournir de nouveaux moyens « résilients » de combattre le mal à la racine : par le renforcement local, en fixant les populations grâce à la permaculture (complémentarité entre plusieurs produits), plutôt que d’accentuer les crises migratoires. On crée ainsi les moyens d’endiguer les crises.
L’innovation continue est nécessaire dans tous les secteurs
David Kezerashvili nous dit : « Les tendances récentes du marché mondial ont mis en évidence la nécessité d’une innovation continue dans tous les secteurs. Investir uniquement dans de grandes entreprises stables n’est tout simplement plus la voie à suivre. ”
Selon David Kezerashvili la meilleure façon d’atténuer ces risques de dérégulation globale est d’investir dans l’innovation. Kezerashvili dit que les contributions des startups à succès génèrent une réelle valeur ajoutée à tous les niveaux. L’entreprise engrange ses bénéfices et l’augmentation de l’emploi conduit à la fois à plus de pouvoir d’achat pour les consommateurs et à des revenus fiscaux pour les gouvernements.
“ La stratégie d’investissement dans l’innovation est rentable à long et à court terme tout en maintenant un degré plus élevé de responsabilité sociale et de responsabilité économique. » – selon David Kezerashvili.